« Trois personnes peuvent garder un secret si deux d'entre elles sont mortes. » Petite Méduse [UC]

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Nous puisons dans nos chaires l'énergie du combat et chacune des décharges que nous recevons sont comme une profonde lacération dans notre estomac. La tristesse et la fureur sont encore plus dévastatrices quand elles sont réunis et peuvent dégager sur leur passage des centaines de broussailles tellement la rage surpasse l'imagination. C'est alors comme si nous n'avions jamais vraiment existé et que depuis notre création nous n'avions qu'un seul but précis qui était sur le point de se réaliser. Après coup je réalisai qu'il nous serait définitivement impossible d'airer inconsciemment dans chacun des coins de la vie, je savais que l'air ne serait plus respirable après ce qu'il allait se passer, mais je ne pensais pas que cela allait être aussi insurmontable...


En cette fraîche soirée d'hiver, sous les yeux des milliers d'ancêtres et de l'astre de la nuit, à travers bois et forêt, sur le sol recouvert d'un lourd duvet de neige froide et par les yeux jaunes et ronds d'un hibou terne et monotone, se trouvaient en suivant les traces définis de trois chats dont deux étaient des chatons, une grotte imposante parsemée de débris divers et variés, coupant et tranchant, d'une couleur artisanale et d'un mélange d'odeurs répugnantes. A l’intérieur du dépotoir trônait sur l'une des plus hautes collines de choses, une jeune chatte au ventre mou et flasque, dépassant avec un effet circulaire de parts et d'autres de ses pattes avants et arrières, elle avait la l’apparence d'une carcasse de chat, elle avait le regard d'un jaune profond tiré et éteint et sur tout son corps, des touffes de poils manquaient. Elle était plutôt répugnante, au semblant même d'une charogne. Elle était fatiguée et triste, car elle n'avait aucune solution pour sauver ses filles d'une mort proche. Elle essayait de trouver  les fameux clans, ceux dont tout le monde contait les histoires incroyables. Elle était certaine qu'elle pourrait donner ces enfants à ces clans et marchait avec eux depuis à peu prêt deux lunes pour les retrouver.

Trois lunes passèrent, elle avait rencontré un chat des clans et il l'avait viré hors de leur territoire sans même écouter son histoire. Désespérée, une seule idée lui venait à l'esprit, elle n'avait jamais prévu de vivre avec ses filles, elle savait depuis le début que la vie de ses filles ne serait pas à ses côtés, et elle devait se faire à l’évidence que l'heure était maintenant à la séparation. Elle prit l'une des chatonnes et invita l'autre à la suivre. Quand un rayon du soleil apparu sur leurs pelages, la ressemblance frappante des deux petites était plus qu'étonnante, en fait elles se ressemblaient en tout point. Elles avaient la même finesse, la même droiture. Leurs yeux n'étaient que deux paires jaunes identiques, à trancher d'un regard le premier importun. Leur pelage d'un noir taché de roux pâle s'étendait à une longueur moyenne, et l'on pouvait penser que l'une était le reflet de l'autre. Même leur mère, bien qu'asséchée et aigri par le temps et les saisons, jadis aurait pu leurs ressembler. Elle retenait une certaine satisfaction de ce qu'il allait se passer et malgré le malheur qu'elle allait causer, sans qu'elle ne soit capable de le comprendre elle souriait. Telle une ancienne, maladive de la vie, une folle, elle souriait. Inconsciente de ses gestes elle posa ses enfants sur le bord d'un chemin grisâtre dur et se plaça en son centre. Sous le regard captivé de ses filles elle patienta, à présent sûre de faire le bon choix, à présent certaine d'avoir attendue cette solution depuis des années, depuis que ses filles l'avaient vu trancher d'un coup simple et vif la gorge de leur frère. Elle détourna alors le regard et se positionna face au monstre fonçant sur elle, de ses yeux profonds et ovales, de ses pattes carbones tourbillonnantes ainsi que de son cri strident et sombre. Elle ferma les yeux et attendit l'heure où avant le vide complet elle perçu deux cris bien séparés. Celui effrayé d'une de ses filles qui l'avait rejointe ainsi que celui du monstre les percutant.

Je m'appelle Petite Méduse et j'ai été recueilli par le clan de l'Ombre après avoir été témoin de la mort de ma famille.